Elle voulait voir l'eau derrière la pluie, ou du moins le monde derrière la vitre | Athéna

Qu’est-ce que les gens pensent en général de toi ?
Ce que les autres pensent de moi ? pour être tout à fait honnête, je ne m'en préoccupe pas vraiment. Je vis ma vie dans mon coin. Je m'occupe de ceux que j'aime et laisse parler les mauvaises langues: je n'ai pas de temps pour tout ça. Cependant, on m'a rapporté deux trois petites choses. Notamment que j'insupportais certains et certaines: apparemment, me voir dans la rue leur donnerait des boutons. Selon eux ? je suis pédante, et donne l'impression d'être froide, voire poseuse. Pourtant de nature discrète, je m'efforce de ne pas faire de vagues.

Et toi, comment te décris-tu ?

Cette réputation se base sur des apparences. En fait, si je ne vais pas vers les autres, ce n'est pas parce que je suis pédante, encore moins parce que je ne veux rencontrer personne, que je suis associable, ou que sais-je. J'ai juste du mal à faire confiance aux autres: comment le pourrais-je lorsque j'ai déjà du mal à me faire confiance à moi-même?

Si je suis discrète de prime abord, je me déride en connaissant les personnes que j'ai face à moi. Une fois dans mon cercle, vous y entrerez pour la vie: la loyauté, c'est sacré. Rêveuse, je suis également créative. Patiente, parfois trop, j'accumule souvent pour, ensuite, être tout aussi surprise que vous lorsque j'éclate: il ne vaut pas être dans les parages dans ces moments là. Têtue et débrouillarde, j'ai toujours veillé à m'en sortir seule: on est jamais mieux servie que par soi même.

Que penses tu de cette ville ?

Mes valises se sont posées ici un peu par hasard. J'ai fui la ville qui m'a vue grandir, New-York la belle, grouillante et étouffante, me donnait le tournis. Elle, ou peut-être lui, je ne sais plus vraiment. Simplement, je suis certaine d'avoir ressenti ce manque de souffle et ce poids sur la poitrine. Il était temps que je quitte la grosse Pomme. Plus d'argent en poche, j'ai d'abord voulu passer une simple nuit à l'hotel, pour repartir au petit matin. Mais sans argent, tout s'arrêtait là. Alors j'ai du rester. M'improviser jeune fille au pair: ça apporte le gîte, le couvert, et de quoi voir venir en fin de mois.

Parle nous de toi :

(un)quatorze juin mille-neuf-cent quatre-vingt-dix-sept. Cri strident, à l’hôpital, où, pour la première fois de sa vie, madame Mills poserait le regard sur son enfant. Athéna. Une jolie petite fille qu’on destinait déjà à un avenir prometteur. Elle ne serait pas de ceux qui ont une vie commune : c’était loin d’être dans les plans de ses parents, la concernant.(deux) Très jeune, elle se passionne pour la danse, et ses parents veulent en faire une étoile. Elle qui n’a rien prévu de mieux, se laisse endormir par les rêves irréalistes de ses parents, faute de trouver mieux. Et puis, après tout, elle ne s’est jamais interdit de rêver d’un ailleurs, quel qu’il puisse être… alors pourquoi pas ? (trois) En grandissant, Athéna continue la danse dans laquelle elle excelle. Aussi brillante en classe qu’en tutu, elle décide pourtant de continuer un cursus universitaire, parallèlement à la danse qu’elle exerce de façon intensive afin de pouvoir, à la suite de ses études, mettre les voiles pour une compagnie de danse.(quatre)Ses parents ne voient pas ces ambitions revues à la baisse d’un bon œil. La pression sur Athéna n’en est que plus forte. Pourtant, elle tente tant bien que mal de faire abstraction et continue son petit bonhomme de chemin, excellant toujours dans ce qu’elle entreprend (cinq) C’est à l’école de danse qu’elle rencontre celui qui, d’ami, deviendra son compagnon. Elle ne peut plus se passer de lui, dans son regard, elle se sent exister. Il est beau, intelligent, et surtout : il a du charisme pour vingt. (six ) Mais au fil des semaines, Athéna ressent comme un vide. Car si elle se sent exister dans les yeux de son compagnon, elle ne voit pas, ce qui se trame réellement. C’est insidieux, discret. Une simple remarque puis vingt, puis… le quotidien. Au fil des mois, Athéna commence à croire tous ces reproches que peut lui faire celui qu’elle aime tant. Il a su se rendre indispensable pour elle, et maintenant, Athéna doute : et si il avait raison ? Et si elle n’avait aucun talent ?? (sept) Auto-persuasion teintée de manipulation, Athéna finit par arrêter la danse et ne va plus en cours. Virée de sa promo, rayée des listes de l’école de danse, Athéna se terre chez elle. Sans soutien, elle trouve réconfort au fond des verres de vin, qui se font beaucoup plus fréquents ; jusqu’à devenir indispensable. (huit) quelques mois ont suffi à faire d’Athéna l’ombre d’elle même. Elle ne sort plus, ne dort plus, s’alimente difficilement. Lassée par cette situation qui lui pèse et qu’elle pense insoluble, elle essaye d’en finir, un soir où son compagnon est en représentation. Quelques verres de vin -beaucoup trop nombreux- ; des anxiolytiques : la recette est simple, mais pourtant assez efficace pour l’envoyer à l’hôpital où elle se réveillera quelques heures plus tard.  (neuf) A son réveil, tout est clair : pour elle, plus question de vivre ainsi. Elle réalise ce qui s’est passé. Comprend difficilement comment elle a pu se laisser berner mais pourtant, décide de mettre fin à sa relation. C’est elle ou lui, et elle a choisi : elle doit reprendre sa vie en main. (dix)Athéna tente plusieurs fois de partir. Mais son compagnon n’est pas dupe. Et elle est encore énormément attachée à lui. Comment faire, alors, pour se sortir de là ? De guerre lasse, elle décide d’en parler à son frère. Elle qui n’avait jamais osé mettre de mots sur une situation qu’elle pensait normale, ou peut-être disfonctionnelle à cause d’elle, décide de briser le silence...(dix) Celui-ci tombe des nues et décide d’aider Athéna à sortir de cette relation toxique une bonne fois pour toutes. Pour ce faire, il l’envoie un peu au hasard, dans le premier bus, direction sa nouvelle vie. Elle quitte New-York.Enfin Libre. Tout recommencer à zéro. Athéna vient seulement d’arriver, et n’a qu’une hâte, dévorer sa nouvelle vie. Et puis, St Hope, ça veut bien dire ce que ça veut dire non ?