10-32 Evan Terini

Pas de cheval aujourd'hui, juste la voiture de patrouille lambda, et bien heureuse d'être sur le plancher des vaches, dans un véhicule qui n'avait pas son propre caractère. roulant dans la ville, la radio s'enclencha alors, pour m'alerter d'un code 10-32, signifiant qu'un homme armé venait de sortir d'une maison. Le témoin, une dame voisine, avait signalé un homme de grande taille, aux épaules larges, tête rasée, tatouages tahitiens visibles, l'air mauvais à en croire la retranscription de ma collègue au bout de la radio. J'attrapais le récepteur, pour leur signaler qu'on se rendait sur place avec ma collègue. Deux femmes dans une voiture de police, une grande blonde, et une grande rousse, de quoi faire la peau au patriarcat en beauté. Nous nous rendîmes sur place dans un premier temps, la maison avait été cambriolé, les cadres photos jetés à terre, les vases brisés, l'emplacement télé vidé, mais selon moi, il y avait trop de casse pour un simple cambriolage... Arme au poing, nous marchions dans la maison, pour trouver des gouttes de sang sur le sol du couloir, mais sans trouver autre chose, ni corps, ni personne blessé. En sortant, je dégainais la radio.

- 10-24, je répète 10-24, nous avons trouvé du sang sur les lieux, mais pas de corps, ce n'est pas un cambriolage.
- reçu 8709, nous envoyons les renforts. Le suspect a été aperçu Steak house, 10-20.
- On est sur les lieux de départ, à 2 blocs du steak house. On ferme et on prend.
- reçu 8709.

Nous reprîmes la route, direction le steak house, ou le fameux suspect armé, à l'air mauvais avait sans doute décidé de prendre son repas après avoir agressé quelqu'un dans cette maison. Nous garant devant, je sortis du véhicule, posant les mains sur ma ceinture, une main proche de l'arme, l'autre proche des menottes. Nous entrâmes dans le restaurant, remarquant directement le grand tahitien attablé, c'est bien simple c'était le seul. Je fis signe à ma collègue, et encerclant la dite table, je me postais devant lui, avant de lui adresser la parole.

- la tarte est délicieuse, mais je pense que vous allez devoir attendre pour cela. Je vais vous demander de nous suivre au poste de police.

Depuis mon arrivée à St-Hope je m’efforçais de me conduire en citoyen honorable et responsable, évidemment ce n’était pas toujours simple d’adopter une conduite allant à l’encontre de ce que j’avais toujours été mais je savais qu’il le fallait. Je me devais d’adopter un profil bas puisque la dernière chose que je pouvais bien désirer était de voir ces sinistres lascars que j’avais floué débarquer à St-Hope pour me trouer la peau. Bien entendu ma présence en ville, de par ma carrure et ma couleur de peau, pouvaient par moment emmener les gens à me regarder avec un brin de suspicion mais en même temps je dois admettre que j’en avais l’habitude et que je ne m’en formalisais plus outre mesure.

Peu de temps après avoir quitté la salle de sport, tout au plus 15 minutes s’étaient écoulées depuis mon départ de l’endroit, je m’étais dirigé vers le steak house afin de m’y régaler de l’un de ces plats hyper protéinés dont ils pouvaient avoir le secret.

Le repas était succulent, je m’étais même laissé tenter par une part de dessert. L’employé n’eu à peine le temps de déposer la part de tarte sur la table que j’entendis une personne m’interpeller et ce timbre de voix j’avais l’impression de l’avoir entendu toute ma vie. Ce ton pour le moins autoritaire se voulait celui d’une figure d’autorité et dès que je me levai afin de me retourner en douceur, afin de croiser le regard de mon interlocutrice, je compris rapidement que quelqu’un avait fait un geste répréhensible. Levant les mains, afin qu’ils soient à vue de la demoiselle, n’opposant pas la moindre résistance je préférais montrer patte blanche puisque de toute façon je n’avais rien à me reprocher.

« Ce ne sera que partie remise, je reviendrai y goûter un autre jour. D’accord je vous suis. »

Bien entendu je mentirais si je disais que je me rendais avec plaisir mais en même temps, étant sous le programme de protection des témoins du FBI, mieux valait que j’évite d’attirer l’attention sur ma modeste personne puisque certaines personnes pouvaient avoir jusqu’à 50 000 000 de raisons de vouloir me refroidir.