Surveillance nocturne (Meg)

J'étais dehors depuis plusieurs heures maintenant, et la nuit était tombée depuis un moment déjà. Je marchais tranquillement, seule, sans avoir croisé qui que ce soit depuis un moment sur ma route. Je sortis alors mon téléphone, pour regarder l'heure et aussi m'éclairer un peu car le noir avait tendance... Non pas à m'angoisser, mais à me dérouter un peu. Je rangeais alors mon téléphone et enfouis mes mains dans mes poches. Il ne faisait pas des plus chauds et ma veste n'était pas de trop. Je comptais alors l'argent que j'avais obtenu aujourd'hui, c''était pas trop mal.

J'arrivai alors près de chez moi, devant mon bâtiment. C'est alors que je pus voir une voiture arrêtée, avec quelqu'un à l'intérieur. Je fronçai les sourcils, qui pouvait bien surveiller ce qui se passait ici ? Et pourquoi ? Toutes ces questions ne me poussèrent pas à m'approcher du véhicule pour autant, ça pourrait être dangereux. Je ne savais pas qui c'était, et il valait peut-être mieux pour moi ne pas le savoir. Je commençais alors à me diriger vers la porte, sortant mes clés pour entrer.

Je pris mon trousseau de clés dans ma poche. J'étais enfin de retour à la maison et, avec un peu de chance, j'oublierais bien vite cette personne mystérieuse dans cette voiture mystérieuse.  C'était peut-être mieux pour moi, en fait. Je ne voulais pas être mouillée dans quelque affaire sordide que ce soit. Et j'imaginais bien que je n'étais pas l'objet de cette surveillance, à moins que j'eus volé quelque chose à la mauvaise personne ? Bref, c'était un immeuble, il y avait des tas de personnes qui vivaient ici, et autant qui pourraient se retrouver sous surveillance de quiconque. Mais, alors que j'allais ouvrir, je me retrouvai soudain plaquée contre le mur, alors que la personne concernée m'intima de me "chut". Je la reconnus bien vite, puisqu'il s'agissait de la flic de l'autre fois, que j'avais essayé de corrompre entre autres. Elle semblait avoir changé de méthode, alors qu'elle me demanda, non qu'elle m'ordonna de lui ouvrir la porte.

- Depuis quand les flics bons et intègres menacent les gens ? Bientôt vous viendrez vous même me soutirer de l'argent !

Un petit rire narquois s'échappa de ma gorge. Elle qui avait de façon si correcte refusé l'argent que je lui proposais l'autre fois ! Elle était peut-être incorruptible l'autre fois, mais là, de la façon dont elle m'avait plaquée au mur et dont elle tenait mon bras, j'avais quelque peu affaire à un cas de violence policière, non ? Mais je n'avais pas accédé à sa demande, comme pour lui montrer que moi aussi, je pouvais avoir la tête dure.

Elle me faisait mal au bras. Je me débattais légèrement, mais je savais que si je bougeais trop cela ne ferait qu'accentuer la douleur. Mais je restais ferme sur mes positions, tout comme elle. Elle n'avait pas très bien agi sur le coup, elle aurait pu attendre que, justement, j'ouvre la porte pour à ce moment là se glisser derrière moi. Mais non, il avait fallu qu'elle me force la main. C'était aussi pour ça que je faisais la rebelle à cet instant précis.

- Et moi je dois récupérer mon bras, mais on a pas toujours ce qu'on doit avoir, hein ?

Cette fois j'étais sérieuse. Je jetais un regard à mon bras qu'elle tenait. J'étais quitte pour avoir un beau bleu au vu de comment elle me le serrait.  Soudain, une voiture se gara non loin, et un homme en descendit. La poulette semblait le reconnaître, et j'imaginais que ça ne devait pas être bon... Pour elle. Mais sa décision suivante, elle, eût le mérite de me surprendre. Sans aucun avertissement, aucun signe avant coureur, elle m'embrassa. Bien que je savais que c'était probablement pour se couvrir, je fus quand même prise au dépourvu, je ne m'attendais absolument pas à ça.  Elle se recula ensuite et profita de l'ouverture de la porte pour entrer. J'entrai à sa suite mais j'eus un mouvement de recul en la voyant dégainer son arme.

- Ouais euh... Pas à mon étage hein !

Je passais à ses côtés avant de la dépasser pour monter l'escalier, direction mon appartement.

Je montais sans même attendre que la policière soit dans l'ascenseur. Je ne voulais pas m'attarder surtout si ça virait dans le coin à la fusillade. Déjà que les coups de feu potentiels gâcherait mon bon petit confort auditif... Et pas question d'espérer me mettre au lit tout de suite, il serait impossible de dormir. Bref, premier étage, deuxième étage... J'avais évité l'ascenseur histoire d'éviter tout affrontement. Et, une fois au troisième étage, alors que je me préparais à rentrer ma clé dans la serrure,  je me retrouvais bien vite nez à nez avec... Elle. Non loin, des hommes approchaient, discutant. Je me demandais quand même ce qui faisait qu'elle était prête à tout faire pour rester discrète. Tout... Absolument. Puisqu'elle m'embrassa à nouveau, cette fois ci de manière plus franche, mais je fus tout aussi surprise que la première fois. Je jouais le jeu, peu importe dans lequel elle m'emmenait, mais les deux hommes passèrent près de nous avant de rentrer. Je laissais alors la flic se retirer.

- Je vais finir par croire que ça vous plait !

Bien évidemment, c'était une boutade. Je n'étais pas une experte en baisers, mais j'avais bien compris que ce n'était que manière de ne pas être reconnue, bien que, flingue à la main, elle aurait pu ne pas passer inaperçue. Une chance aussi que je n'avais pas décidé de lui faire les poches. J'étais folle mais pas au point de jouer les pickpockets avec une flic.

- C'est bon ? Je peux rentrer chez moi et me calfeutrer en attendant les tirs ?

Une nouvelle fois elle m'avait embrassée, visiblement prête à tout faire pour sa mystérieuse surveillance, sans se faire repérer. Je me demandais en quoi ça consistait, mais je laissais ma curiosité de côté, et si embrouille il devait y avoir, alors je ne voulais pas qu'on pense que j'étais de connivence avec la police, ça m'attirerait des emmerdes. La porte d'en face se referma, elle put reprendre une posture un peu plus professionnelle. Elle semblait un peu, à son tour, prise au dépourvu. S'attendait-elle seulement à se retrouver dans cette situation ?  Alors que je lui demandais si je pouvais enfin rentrer chez moi, elle acquiesca, mais poursuivit par la volonté de se cacher chez moi. Je fronçais les sourcils.

- Sûrement pas ! J'veux pas qu'on croit que je collabore avec les flics si jamais y'a des emmerdes !

Du coup, je n'ouvris pas ma porte. Je n'avais pas envie qu'elle se glisse chez moi quand bien même elle n'en avait pas le droit. Je pris à mon tour mon portable pour regarder l'heure. Mais je pouvais être patiente, j'attendrais qu'elle parte, ou qu'elle fasse quoi que ce soit tant qu'il ne s'agissait pas de s'introduire chez moi.

J'étais claire: je ne voulais pas qu'elle entre chez moi. Après tout, si les gens qu'elle voulait prendre en filature voyaient ça, je serais perçue comme une balance, ou autre chose du genre, ce qui ferait de moi une cible et ça, je n'en voulais absolument pas. Alors je ne pouvais pas accepter, hors de question. Et elle n'avait pas le droit d'entrer de force, ça je le savais, et je le faisais savoir. Elle prit alors son téléphone pour appeler quelqu'un. Qui ça, ça ne me regardait pas, elle appelait ce quelqu'un "mon garçon", j'en déduisis qu'elle appelait son fils. Elle ne rentrait visiblement pas chez elle ce soir, ce qui signifiait qu'elle trouverait probablement un autre endroit où surveiller ces individus. Ensuite, elle vint à envoyer un message, là encore ça ne me concernait pas. Elle m'incita cette fois ci à rentrer chez moi.

- J'en avais pas l'intention, mais merci.

J'ouvris la porte de chez moi avant de me glisser à l'intérieur de mon appartement. Je soupirais en fermant la porte, alors que la policière fit demi tour. Une fois la porte fermée, je me glissais dans mon canapé. Je pris mon téléphone pour mettre de la musique, avant de m'affaler dans le fond du fauteuil, fermant les yeux, fatiguée.

Alors que je me détendais, je me rendis compte d'une chose: mon badge n'était plus là. Je soupirai, encore quelque chose qui allait retarder le doux moment où j'allais me coucher. Mais si je voulais le retrouver, il fallait que je me dépêche de sortir pour le récupérer, avant que qui que ce soit ne passe dessus et le ramasse. A contrecœur, je me levais du fauteuil en prenant la direction de la porte. J'avais dit que je n'ouvrirais en aucun cas mais là, c'était un peu impératif. Après tout, il en allait de ma capacité à aller et venir de chez moi. Je sortis donc, cherchant par terre mon badge. Rien, nulle part, je tapais du pied contre le mur, de rage. Alors que je regardais vers l'escalier, un coup de feu, puis trois autres coups de feu me firent sursauter. Mais, alors que je me préparais à rentrer, je tombai nez à nez avec la policière, de retour, arme à la main. Je me décalai alors pour la laisser passer, je n'avais pas envie d'être prise entre deux feux.

- Ouais bon allez-y... Moi je ne veux rien avoir à voir avec ça !

Alors que je venais de ressortir à la recherche de mon badge, je me retrouvai nez à nez avec la flic après plusieurs coups de feu. J'étais loin de m'imaginer que c'était elle qui gardait mon badge.  Elle me reprit à l'ordre pour être sortie, mais je n'eus le temps de rien faire que des tirs retentirent à nouveau. Vers nous cette fois.

- Putain de...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que je me retrouvais poussée sur le côté. La suite se déroula très rapidement mais ces quelques secondes me parurent une éternité. Lorsque les coups de feu s'achevèrent, ce ne fut qu'un calme plat. J'étais recroquevillée sur le côté, me bouchant les oreilles, les yeux fermés. Lorsque je les ouvris à nouveau et que je décollais mes mains de mes oreilles, je vis un homme salement touché, peut-être mort, et l'autre qui s'enferma là d'où il venait. Je vis ensuite que du sang coulait du bras de la flic.

- Et merde... bougez pas, je vais chercher... Hum... Un truc pour arrêter le saignement !

Je n'avais pas de bandage, mais je pouvais peut-être prendre un torchon. Je me levais et partis en courant vers chez moi, me dirigeant vers la salle de bain où étaient rangés les torchons. Une fois que j'en eus attrapé un, je revins vers celle qui m'avait potentiellement sauvé la vie.

- Je sais, j'avais dit que je m'en mêlais pas mais... Ils nous ont tiré dessus, je suis concernée maintenant. Donnez moi votre bras, par contre ça risque de faire un peu mal, je suis pas une pro. Après ça, direction l'hôpital hein.

Je commençais alors à enrouler le torchon autour de la plaie. Je n'étais pas habilitée à faire plus, je ne m'y connaissais pas mais je savais que si je tentait autre chose, je risquais d'empirer la blessure.