Time for a fight (w/William)

 

William n'était pas très frais ce matin là. la nuit avait été longue, compliquée. Il n'avais vraiment pas envie de sortir. Il n'avait même quasi envie de rien, sauf d'essayer de dormir, encore. Il se sentait moche, pesant , englué. Etait-ce le début de la crise de la quarantaine?
Il aurait aimé se raccrocher à cette hypothèse, nettement moins douloureuse que celle qui progressait insidieusement dans son esprit.
Il ne supportait simplement pas ce sentiment d'un profond détachement de la part d'Ari.
Certes ce n'était pas le premier orage que le couple traversait, mais il avait le sensation douloureuse que cette fois, le mal était plus profond...d'une gravité telle que, peut être ce n'était plus curable. Son couple était il tout simplement en train de se terminer?
Oui, c'est cette idée, qu'il arrivait, avec difficulté, à oser formuler ce matin, qui le rendait morose.
Jamais il n'avait pu franchir un tel pas concernant le fait qu'ils ne soient pas éternellement liés ensemble... Et là, il l'avait fait, signe funeste que cette fois ne ressemblait pas aux autres!


William n'aimait pas conduire. Il avait son permis, mais la voiture pour lui n'avait qu'une fonction utilitaire. Il trouvait ridicule de s'en servir abusivement, alors que l'urgence écologique était prégnante, et , de plus il appréciait le rythme lent de la marche pour observer , découvrir, lors de ses déplacements.
Quand il avait moins de temps devant lui pour flâner, ou que sa destination était un peu trop éloignée pour raisonnablement marcher jusque là, il utilisait son vélo.

Les Potts avaient cependant deux voitures, afin qu'en cas d'urgence, il ne soit pas tributaire d'Ari pour se déplacer rapidement ou loin, et c'était sa femme qui les avait toutes deux choisies, tant la question de ce choix l'indifférait. Elle était si délicate, son épouse chérie, d'ainsi le soulager autant qu’elle le pouvait des petites contingences qui lui déplaisaient.
En fait, ils avaient juste gardé la vieille, quand elle avait eu besoin d'en changer pour une plus fiable, qu’elle avait peut être trouvée plus jolie, plus agréable, aussi. Peu importait au fond à William ses raisons.
William, quand il s'agissait de souscrire aux désirs d'Ari, ne discutait jamais ou presque, et bien souvent, il essayait de les anticiper.
De toute façon leurs moyens leur permettaient largement le caprice d'une nouvelle voiture, et William préférait qu’elle soit fiable et sure. Il n'aurait pas aimé qu’elle tombe en panne, ou, pire, ait un accident, pour économiser quelques milliers de dollars qui ne leur manqueraient de toute façon pas!

La voiture démarra sans probléme. Elle était vieille, c'était entendu, mais entretenue, révisée consciencieusement et régulièrement chez Levinson, une maison sérieuse de père en fille.
Malgré quelques rayures, elle était aussi propre que celle de son épouse. William n'aimait pas le désordre, et mettait un point d'honneur à nettoyer la maison régulièrement, véhicules inclus.

Il serait volontiers resté sous la couette, mais il s'était engagé à s'occuper du store et du ravitaillement auprès d'Ari. Il n'allait pas manquer à sa parole par flemme, tout de même!
Les frimas hivernaux combinés à sa lassitude exceptionnellement l'avaient conduits à opter pour la voiture afin de se rendre au centre ville.
William conduisait toujours prudemment. D'une part parce qu'il ne voyais pas pourquoi prendre des risques inutiles, et d'autre part, parce qu'il se méfiait de son manque d'habitude et le faisait donc avec application et concentration.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir surgir un...cheval, à l'angle de son capot, alors qu'il surveillait attentivement l'autre côté de la chaussée avant de se préparer à tourner!
Sur l’instant, il craint même d'avoir risque de le percuter faute de l'avoir vu à temps, aussi freina-t-il sèchement.
Un cheval de la police montée, en plus...C'était très ennuyeux, ça!
Se préparant  à se confondre en excuses il baissa la vitre et leva la tête en direction du cavalier.
Il reconnu alors cet espèce de connard de flic de merde qui était venu se mêler de ce qui ne le regardait pas, le harcelant jusque chez lui!
Sa colère était vive, car hors de ses phases de paranoïa délirante et de jalousie maladive, même en pensée, William était un homme mesuré et courtois d'ordinaire. Au moins aussi vive que le ressentiment qu'il nourrissait envers le policier. Il le tenait pour responsable de son malheur présent. En effet, s'il n'y avais pas eu cette dispute particulièrement violente, Arizona serait elle aujourd'hui à ce point distante?
Et s'il avait été d'une brutalité encore plus forte que d'ordinaire dans ce moment de crise, n'était-ce pas parce que l'intervention menaçante de ce type l'avait fait redouter le pire: Qu'on le sépare de son égérie, de son Amour, de celle qu'il aimait au deal de tout?
Il était la cause de tout, cet enfoiré...enfin à minima, le déclencheur.

Ce devait être obsessionnel chez ce sale type, de vouloir lui pourrir l'existence...

La hargne embrasant sa pupille il répondit sèchement à sa requête

- Bonjour monsieur!
William avait bien appuyé sur le "bonjour et sur le "Monsieur", espérant ainsi souligner avec une fermeté suffisante son manque de courtoise, et même un manquement à ses devoirs d'officier de police qui doit le respect aux citoyens honnêtes, et même aux autres!
L’uniforme ne le dispensait en rien de se montrer civil. Au contraire, il aurait du l'astreindre à l'exemplarité, en tout domaines.
Cette vengeance mesquine lui avait fait du bien, lui avait redonné un peu de l'assurence perdue sous l'émotion de l'arrêt surprise.

- Puis-je connaitre la raison de ce contrôle?

 

Naturellement, le triste sire n'avait pas relevé la pique. On place surement sa fierté ou l'on peut quand on est un minable. A moins qu'il ne fut réellement aussi incompétent que son manquement aux règles lui ait été vraiment étranger.
William opta pour une troisième hypothèse. Le mal embouché manquait tant de finesse qu'il ne se rendait pas même compte d'avoir des lacunes concernant la politesse , même la plus élémentaire.
Ca l'arrangeait bien de voir en l’homme un pauvre type. Ca le confortait bien dans l'idée qu'il se faisait de ce pseudo justicier une justification à l'enchainement des comportements déplacés. C'était peut être pire même. C'était peut être un fou qui avait décidé de le prendre, au seul arbitre de ses névroses, comme souffre douleur.
Pas un instant, William n'imagina qu'il aie pu juste délibérément , par mépris, ignorer sa pique subtile.

L' assurance...

Une œillade rapide en direction de la vitre lui confirma qu'hélas, il avait raison. Avec ce crétin mal dégrossi, ça promettait de durer un pue. William n'avait pas de temps à perdre. sa séance de bricolage s’annonçait périlleuse. C'était quand même la troisième tentative pour ressoudure le probléme qu'il allait entreprendre.

-Faisons vite voulez vous... Quel est le montant de l'amende?
William n'en était plus au stade des mesquineries oratoires pour offrir quelques petits plaisirs à son égo.
La priorité, s'était de faire plaisir à sa femme, et donc enfin de réparer le store...
Et puis, même si ce sentiment était moins noble, il devait reconnaitre que l'estime qu'il portait à la vision qui était sienne de son orateur, le disqualifiait à ses yeux de jouter avec un homme aussi distingué que lui.
William n'avait pas pourtant une opinion particulièrement élevée de lui, et il appréciait la modestie, ayant toujours tendance à minimiser ses succès pour ne pas paraitre vaniteux.
Mais là, tout de même, il y avait des limites à la dignité.
De quoi aurait -il l'air en entamant un dialogue avec un obtus de cette espèce? Il avait déjà du le subir sur le pas de sa porte bien assez longtemps... Un échange stérile qui n'avait réussi qu'a lui procurer un vif agacement!
William ne ressentait nulle nécessité à recommencer.
Mais voila, l'autre, en plaçant surement à dessein son cheval le long de la carrosserie afin d'empêcher toute manœuvre, que ce soit pour repartir ou sortir de la voiture, en avait décidé manifestement autrement.
Il revenait à la charge avec ses allusions on ne pouvait plus limpides sur sa vie privée.
Fatalitas: C'était un malade, un obsessionnel.
il lui avait pourtant clairement signifié qu'il n'avait aucun droit de regard sur son couple, à ce taré...
la trivialité le gagnait...William sentait qu'il s'engageait sur une voie périlleuse si la colére qui l'accompagnait généralement le gagnait.
Tout en continuant à fouiller dans son porte feuille, afin de préparer les quelques billets destinés à payer la contravention, il s'efforçait de se contenir. Ne pas répondre , surtout ne pas répondre. Le laisser s'épuiser, payer, partir, s'occuper du store!
Au diable sa propre contrariété...Il devait songer à la joie de son épouse quand elle pourrait enfin aller dans le débarras sans allumer même en plein jour!
Il releva stoïquement le menton, s'efforçant de présenter le visage le plus neutre possible, le moins sujet à interprétation qui soit, afin de ne donner aucune prise aux délires du policier fou...
Quel était son nom, déjà?

- Alors?... Combien?

Il voulait se montrer pressant mais pas trop, craignant de déclencher il ne savait quelle autre lubie ...
Et c'est alors qu'il vit son visage...cette belle tronche de con qui l'avait mis hors de lui...si on voulait être juste concernant la vigueur de sa ...contrariété.
Ce fut plus fort que lui, William ne put retenir son commentaire, celui qui risquait d'être de trop.

_ Qu'on en finisse Monsieur ... Jones Il avait un peu hésiter sur le nom, avant de se fixer
-... Vous avez surement d'autre honnêtes gens à tourmenter , et moi pas la journée devant moi!

 

William sentait une pointe de rage, au delà de la médiocrité qu'il prêtait au policier monté, derrière le mot honnête. Ce type était un peu dérangé. Il ne voyais pas pourquoi il aurait du chez lui déclencher pareil ressentiment. Lorsqu'il était venu le harceler à son domicile, passé le stade de l'emportement, il s'était décidé à oublier ce triste épisode.
Un type, surement un peu éméché, avait cru bon de venir se mêler de ce qui relevait strictement d'Arizona et lui...soit, L'alcool aidant, il avait trouvé bon de venir le menacer...Il admettait toujours.
Il regrettait de s'être emporté ce soir là, plus que ne le méritait au fond cette intempestive intrusion. Bien sur, william s'octroyait comme à l'accoutumée l'excuse du réel bouleversement émotionnel que provoquaient ses crises de jalousie paranoïaques, pour justifier les mouvements d'humeur qui les accompagnaient, le point culminant ce ceux ci étant d'ordinaire réservé à Arizona qui en payait aussi douloureusement qu'injustement le prix.
Un destin funeste, difficile à accepter pour eux, mais qui ne concernait certainement aucun étranger!
Mais face à l’obstination du flic, dont les propos plus que déplacés témoignaient aujourd'hui, il songea à reconsidérer la dangerosité de l'individu.
Il n'était pas ivre, il était juste...Fou
Et si il est déraisonnable d'affronter directement les dingues, il est aussi vivement recommander de prudemment faire en sorte de s'en protéger.
Ce n'était plus seulement son profond désir de satisfaire son épouse par le bricolage qui L'incitait à se montrer circonspect à présent, mais aussi le besoin de parer à une menace qu'il avait sous estimée auparavant.

Pardon Officier James... Je m'en acquitterai sans faute, et je régulariserai ma situation auprès de mon assurance dans les plus brefs délais...
Merci de m'avoir alerté à ce propos

Oui il convenait vraiment de donner à ce malade des signes d’apaisements...pour mieux l'apprivoiser, parce que William ne comptait pas en rester là. Il fallait qu'il mette ce sale type hors d'état de nuire. Il ferait jouer ses relations pour le faire discrètement. William n'aimait pas plus les conflits que la publicité inutile, dans ses moments de raison.
Sortant un calepin de la poche de son veston, assorti d'un stylo argenté auquel il tenait beaucoup, puisque c'était un cadeau de son adorée, il commença à noter.

James, comme le prénom officier, je présume... Je vais noter à quelle brigade vous êtes rattachés, en cas de soucis...

Il accompagna d'un sourire le plus amène possible, pour tenter de donner à son persécuteur, un sentiment de bienveillance.
Vous savez, avec l'administration, on est jamais assez prévoyant!

La pointe prête à prendre note, il attendait, le regard suspendu, la déclinaison de son matricule.

 

William fut surpris de la bonne grâce dont fit preuve le policier pour lui transmettre les informations requises.
perplexe, il hésitait dans son interprétation du changement de comportement de son interlocuteur.
Il quittait l'attitude agressive, presque frontale, de confrontation, pour une apparente courtoise. Si les bonnes grâce subites étaient suspectes, leur motivation lui échappait. Il envisageait d'avoir sous estimé les capacités de stratège de l'homme... Mais il ne pouvait, aiguillonné par le mépris profond qu'il lui inspirait, de continuer à le croire suffisamment stupide pour ne pas réaliser à quel point il prêtait le flanc à ses futures représailles. Tout à sa vanité, William ne doutait pas qu'elles seraient redoutable. Quel manque d'objectivité face au ridicule de la situation. En effet, il serait certainement délicat de vraiment nuire à L'officier James avec si peu de faits à lui reprocher.
Cependant, William étai frustré de devoir essayer de dissimuler l'expression de sa satisfaction à l'idée de pouvoir prendre une belle revanche.

Merci infiniment officier, de votre compréhension

Il lui tardait de refermer la vitre pour pouvoir savourer, plus discrètement sa mesquine et bien optimiste joie.

Belle journée à vous Officier

Enfin, il allait pouvoir reprendre le cours de ses activités.
Ce fieffé crétin lui avait quand même fait perdre pas loin d’une demi heure et il fallait qu'il se hâte avant la fermeture du quincailler, s'il voulait commencer les travaux dés le début de l’après midi!

Et ce fourbe de flic qui manifestement laissait la massive croupe de son cheval obstruer sa route.
Ca se confirmait. ce vicieux lui en voulait vraiment. Refrénant sa furieuse envie de klaxonner, dans l'espoir de provoquer une ruade pour le faire chuter. il se contenta d'une maigre compensation en imaginant seulement sa tête se fracasser sur le rebord du trottoir.

Enfin la route se dégageait, laissant un William furieux et revanchard se précipiter, autant que ses compétence de pilotage le lui autorisaient, vers le général store!

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