Blake & Ellie - Afraid of loosing you

21h16 - Mi-février 2022
- C’était alors qu’elle s’apprêtait à se faire à diner que la jolie brune, qui venait d’arriver à son domicile après une longue journée de travail, reçut un texto de Blake. Son ami, d’habitude si rapide lorsqu’il s’agissait de lui envoyer des sms, n’avait pas donné signe de vie depuis quelques jours et ce, malgré un échange de messages de plus en plus ambigus. Si elle avait mis cela sur le compte d’une vie trépidante et bien chargée, jamais elle n’aurait imaginé un seul instant que sa non réponse était due à un accident qui avait failli lui coûter la vie Le sourire qu’elle avait sur ses lèvres en voyant son prénom s’estompa à mesure qu’elle lisait le contenu de son message. Monsieur Richards venait de lui demander avec gentillesse et humour si elle avait la bonté de venir le chercher aux urgences. Les urgences ? Son coeur se mit à battre à tout rompre. Son sang se glaça et de suite, elle s’inquiéta à son sujet. Que diable avait-il pu arriver ? Bien sûr qu’elle pouvait faire ça pour lui. Répondant qu’elle enfilait un manteau et rappliquait, elle s’exécuta la boule au ventre. Si Ellie n’avait plus beaucoup de famille, elle avait toujours considéré ses amis comme des membres à part entière de cette dernière et l’idée d’en perdre à nouveau un lui donnait des hauts le coeur….alors quand elle avait appris pour Blake, il faut dire qu’elle avait cru au pire. Dire que ses pensées n’étaient pas loin de la vérité.

Une note pour prévenir Rick laissée sur le comptoir, la jolie brune prit immédiatement la direction de l’hôpital pour rejoindre son ami dans le besoin. Les yeux fixés sur la route qui défilait à vive allure, son esprit ne cessait de tourbillonner, cherchant la raison de sa présence au St Hope Memorial Hospital. Elle avait l’espoir que ce ne soit rien de grave pourtant une part d’elle était en alerte et craignait que cet accident dont il était victime soit du à sa présence dans sa vie. Et si le meurtrier de ses parents l’avait retrouvé ? Et s’il s’en prenait à tous ses proches. Pour sa santé mentale, elle avait hâte que le beau blond lui explique ce qui s’était passé.La voiture parquée devant l’entrée, Ellie sortit du véhicule et entra à vive allure aux urgences à la recherche de Blake. Dos à elle, elle l’entraperçut au loin en train de signer sa décharge et ce ne fut que lorsqu’il se retourna qu’elle courut en sa direction pour le prendre dans ses bras, veillant à ne pas trop l’enserrer de peur de lui faire mal. « Blake ! Mon dieu je me suis fait du souci! Tu vas bien ? » Juste le temps de souffler et elle reprenait «  J’aurais du savoir que c’était pas normal que tu ne me répondes plus … qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » S’éloignant, elle se mit à l’observer en détail cherchant à voir où et comment il avait été blessé.

Ce qu’Ellie pouvait détester voir un ami dans d’atroces souffrances, quelles soient émotionnelles, comme avec Dagnyr en ce moment, suite à la perte de son frère ainé, ou physique avec un Blake obligé de prendre appui sur son véhicule pour se donner un peu de contenance. La brune en avait le coeur serré. Les mâchoires closes, le regard balayant le corps du beau blond à la recherche de sa blessure, elle avait eu de la peine à voir ses traits se figeaient de douleur à chaque pas. Si elle avait pu ne serait-ce qu’en prendre un peu pour elle, nul doute qu’elle l’aurait fait. Au tempérament de feu, plus maternelle que beaucoup de jeune femme, en lionne, elle était prête à tout pour ses proches et depuis un moment maintenant le jeune Richards en faisait partie. Le fusillant du regard à sa tentative d’humour, elle soupira : « C’est pas drôle Blake… » Non, elle était bien trop inquiète à son sujet ne serait-ce que pour lui décocher un sourire. Elle avait besoin de savoir ce qu’il s’était passé et quand il se confia elle ne put s’empêcher de serrer les poings, ses ongles s’enfonçant dans la chaire de sa paume bientôt marquée. Ne changerait-il donc jamais ? Blake lui ressemblait trop … tout comme elle, il était un protecteur dans l’âme et cette histoire n’était que la preuve de ce qu’il en courrait à vouloir jouer les héros avec les mauvaises personnes.«  Il faut que tu arrêtes de jouer les héros Blake, ça aurait pu très mal finir… tu imagines la tête de tes soeurs, de tes parents, d’Arizona si ça avait dégénéré ? Aucun d’eux n’est prêt à te perdre… tu devrais y penser avant de te lancer ainsi…je t’en prie la prochaine fois pour notre bien à tous fait appel aux forces de l’ordre avant de te jeter ainsi dans la gueule du loup. » L’ancienne avocate, chassa cette petite voix qui lui disait que c’était signé Krystal partout sur son corps meurtri et du genre à croire aux secondes chances, ne voulant pas la juger s’en s’assurer de la véracité de son instinct, elle ne put s’empêcher de demander. «  Cette amie …c’est Krystal n’est-ce pas ? » Ellie ne la connaissait pas particulièrement, à vrai dire, elle ne lui avait jamais inspiré confiance. Si Blake la chérissait, elle ne voulait pas savoir pourquoi. Ce n’était là ni jalousie, ni amertume, juste son besoin de se protéger elle-même. A la voir, elle savait qu’avec elle il n’y avait rien qui vaille. Le peu de fois qu’elle l’avait croisée, elle n’était pas dans un état de sobriété approprié et elle savait donc qu’elle avait la main lourde et ce que ce genre de choses pouvait entrainer comme problèmes. Le genre d’histoires qu’elle préférait d’habitude éviter.

Appuyant sur ses clés, elle ouvrit la voiture et le regarda. « Tu as besoin d’aide pour t’installer ? Je peux aider si tu veux. » oui, même un grand gaillard comme lui pouvait avoir besoin d’une frêle brune comme elle.

L’humour en toutes circonstances. Voici un trait qui caractérisait bien Blake et qu’Ellie adorait d’habitude, cependant aujourd’hui, le cœur n’y était pas. Cette situation méritait que l’on y apporte toute son attention avec sérieux et le souci qui se lisait très certainement sur son visage était la preuve qu’elle n’arrivait pas à passer outre cette émotion qui lui brûlait les entrailles. Le perdre ? Cette pensée lui glaçait le sang et créait un nœud dans son estomac. Ce qu’elle avait pu être soulagée de le voir debout. « Je sais et je ne t’en veux pas. Tu essaies de détendre l’atmosphère, c’est juste que…. Laisse-tomber. » Elle avait tant perdu d’êtres chers dans le passé qu’elle craignait qu’un jour par héroïsme son nom s’ajoute à cette liste. Mais n’était-ce pas plus fort qu’eux que de venir en aide à un proche. Un faible sourire vint éclairer son visage… Il ne la connaissait que trop bien lui aussi et elle était mal placée pour le juger quand elle en aurait fait autant. Alors pourquoi était-ce si dur pour elle… « Peut-être … Très certainement, seulement je n’y serai pas allée de plein front. En vrai, là n’est pas la question Blake. » Ellie baissa son minois, ne sachant que trop bien que son regard en délivrerait plus sur ce qu’elle pensait, qu’elle ne voulait le laisser paraitre.

Lui ouvrant la portière, pour qu’il s’installe à l’intérieur du véhicule, ses prunelles brunes retrouvèrent les siennes et un courant électrique s’empara d’elle. Ce qu’elle pouvait aimer en temps normal se perdre dans l’océan de ses yeux. Elle allait sourire naturellement mais il n’eut pas le temps d’atteindre ses lèvres, que l’ancien journaliste lui confirma ses craintes. C’était bien Krystal la fautive… « Je n’ai jamais dit que c’était une mauvaise personne… je ne la connais pas et je n’en ai pas forcément envie. Disons juste que si avant ce n’était qu’une question de fréquentation et d’état, maintenant …c’est un brin plus personnel. » Elle marqua à son tour une pause avant de soupirer. « Tu sais que je n’aime pas qu’on porte atteinte à une personne à laquelle je tiens…elle l’a fait…malencontreusement certes, mais tu aurais pu y laisser ta vie et pour ça je lui en veux… » Pas la force de dire à quel point cela lui aurait fait mal. Elle ferma donc la portière, contourna sa voiture et prit place devant son volant. Sans même lui jeter un regard, elle démarra en trombe direction le domicile du blond.

La route défilant devant eux, le silence devenant pesant, elle lâcha : « Imagine un seul instant que les rôles aient été inversés, qu’Arizona ait fini à l’hôpital pour avoir aidé un ami qui aurait risqué sa vie… comment le vivrais-tu si l’une de nous finissait gravement blessée ou aurait pu perdre la vie dans un acte comme celui-ci ? » Serait-il inquiet ? fou de rage contre la personne à l’origine de ce coup de poignard ? Une part d’elle avait envie de savoir, ce qu’il en serait aussi si c’était elle la victime.

Fermée. Inquiète. Ellie détestait ce sentiment qui l’avait envahi et ne la quittait plus. L’ancienne avocate avait le ventre noué. Elle savait que la vie ne tenait qu’à un fil et elle détestait que Blake joue avec le destin prêt à se brûler les ailes. Elle aurait du comprendre que ce sentiment prouvait qu’elle tenait à lui plus qu’elle ne l’aurait imaginé, pourtant butée elle préférait lui faire la morale, se protégeant ainsi comme elle le pouvait. Son humour, ses paroles, son regard, tout ce qui pouvait l’apaiser d’habitude n’avait aucun effet. C’était comme si elle avait besoin de lui faire voir clair quant aux risques qu’il avait pris et les conséquences que cela aurait pu avoir. Elle se doutait qu’il aurait préféré ne pas avoir à passer ce mauvais quart d’heure, mais il fallait qu’il se rende compte qu’avec un membre de sa famille, ça aurait été bien pire. Oh oui, là, elle y allait avec le dos de la cuillère, pour ne pas le braquer à son tour. « Je ne préfère pas savoir. » Faux ! Elle voulait connaître tous les détails, mais craignait de ne pas réussir à rester calme, si elle constatait qu’il savait pertinemment où il mettait les pieds quand il s’était rendu à ce rendez-vous avec celle qu’il considérait comme une amie précieuse. Une femme qu’Ellie ne voulait pas porter dans son coeur, surtout plus maintenant qu’elle savait qu’elle était celle qui avait planté le beau blond.

Aucun des deux n’osa argumenter plus longtemps au sujet de Krystal, sentant bien que l’atmosphère entre eux ne cessait de se tendre. C’était tellement rare et si désagréable que la belle préféra se focaliser sur la route, après lui avoir demandé de se mettre à leur place. A sa réponse, elle voulut sourire, mais une part d’elle refusa de le faire pensant qu’il parlait évidemment d’Arizona et non d’elle. Après tout, ils ne se connaissaient pas depuis aussi longtemps et elle n’était peut-être que de passage dans sa vie ? Elle répondit simplement : « Merci….tu me comprends alors … » Pas besoin de réponse.

Arrêtée à un feu, elle lui offrit un sourire quand il tenta de lui changer une nouvelle fois les idées avec un « compliment ».  Loin d’être rancunière, elle profita de cet instant de répit, pour dire avec une douceur qui la caractérisait tellement « Essaierais-tu de m’amadouer? » Sa main effleura la sienne tandis qu’elle attrapait le pommeau de vitesse et son regard s’ancra dans le sien. « Tu sais que je te hais autant que je t’adore aussi … » et ce soir était le bon exemple. Elle redémarra et ajouta : « Je suppose que tu as faim ? Tu veux que je m’arrête te prendre à manger ou que je te cuisine quelque chose en arrivant ? Après avoir risqué ta vie, je voudrais pas que tu meurs de faim … » Elle attendit sa réponse pour prendre le chemin qu’il fallait.

Respecter son choix. Ne pas entrer dans les détails ! Nombreux seraient ceux qui voudraient au contraire qu’il s’épanche et si dans d’autres circonstances Ellie aurait pu attendre qu’il le fasse, ce soir elle craignait de ne pas apprécier ce qu’il avait à lui dire. Étouffant sa curiosité sous un lourd manteau de raison, elle essayait vainement de se/le protéger. Une petite voix ne cessait de lui répéter que moins elle en savait, mieux elle se porterait. Oui, s’il lui en disait trop, qui sait si elle pourrait garder son calme, ne pas s’en mêler. Très souvent par le passé, devant l’injustice et les atrocités de la vie, c‘était plus fort qu’elle, elle oubliait toute couverture qu’elle avait pour venir en aide à autrui, alors quand on s’en prenait à un des siens, vous ne pouvez pas imaginer la vitesse à laquelle elle sortait les griffes pour les défendre. Elle le savait, elle risquait gros si ainsi elle se faisait remarquer. Qui sait ce qui se cachait dans l’ombre? Peut-être un proche de ceux qui voulaient sa mort était à St Hope ? Si on venait à la retrouver, ce ne serait pas le petit dealer du coin qui allait faire des vagues, mais bien de véritables criminels qui viendraient s’en prendre à elle et à ses proches. Cette pensée la fit frissonner.

N’en rajoutant pas, elle focalisa son attention sur la route, le mettant par la suite face à une situation hypothétique désagréable et fut rassurée de voir qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Au fond, elle l’avait toujours su. Cependant, même si c’était une évidence, il était bon de le voir confirmer et elle faisait d’une pierre deux coups, le mettant à sa place pour qu’il saisisse sa colère et son inquiétude. La seule différence entre ce qu’elle vivait et ce qu’elle lui laissait entrevoir dans son exemple ? Ce qui le liait à Arizona était différent de ce qu’ils avaient tous les deux. Oui, leur amitié était plus ancienne, plus profonde et sauf erreur de sa part, ils ne partageaient l’ambiguïté qui était parfois palpable entre l’ancien journaliste et Ellie. « Bien. »

L’ambiance plus détendue après l’intervention du beau blond, Ellie ne put s’empêcher de lui sourire et d’entrer dans son jeu.Elle ne voulait pas craquer mais c’était plus fort qu’elle… A chaque fois, il arrivait à l’adoucir. « A ton avis. » N’était ce pas mieux qu’un grand oui? Elle avait envie de le voir galère un peu. « Les deux, même si je crois que la seconde remporte la manche plus souvent… » Son regard planté dans le sien, elle eut du mal à se décrocher de ses prunelles. Comment arrivait-il à avoir cet effet sur elle ? Elle refusait de le voir, mais n’était-ce pas évident qu’ils s’appréciaient et se désiraient même quand il pouvait la rendre folle ? Etait-ce un effet, une sensation, un sentiment réciproque ? Ses billes brunes entraperçurent les dents blanches de son interlocuteur venir molester ses lèvres, et elle les fixa un instant oubliant presque qu’elle venait de le questionner sur un éventuel repas. Ce n’est qu’à sa réponse qu’elle fut tirée de son observation. « Je crois que j’ai une petite idée mais il va falloir que je fasse un stop à l’épicerie. » Pour ce qui est de l’appétit, entre le repas qu’elle avait à l’esprit et Blake, il fallait avouer que le sien était bien là.

Quand le feu passa au vert, elle prit la direction du petit magasin ouvert 24h/24 et y arriva 5 minutes plus tard. Là, elle parqua sa voiture et détacha sa ceinture: « Tu restes ici pour avoir la surprise ou tu m’accompagnes? » Elle attendit sa réponse et partit pour faire ses achats de dernières minutes , seule ou accompagnée. Elle n’en eut que pour quelques courtes minutes avant de passer en caisse et retrouver le véhicule. Les sacs rangés dans le coffre, sa place retrouvée derrière le volant, elle prenait ensuite la route menant à chez lui et le temps fila à toute allure. Bien vite, ils étaient arrivés et le temps avait tourné à l’orage… La poisse…

Répondre du tac au tac sans jamais cesser de se piquer, de se chercher. Voilà une belle habitude qu’avaient pris Blake et Ellie depuis que les tensions s’étaient apaisées entre eux après qu’elle eut accepté que son départ ait pu briser le petit cœur d’Arizona. La jolie brune devait l’avouer, elle adorait ce jeu, ce gars. Et si elle refusait de voir la nouvelle tension plus qu’évidente pour certains, cette attraction qu’ils partageaient parfois, avec les évènements récents qu’il venait de vivre, elle ne pouvait plus se questionner quant à l’attachement qu’elle avait développé en son égard. Une amitié à la je t’aime moi non plus, qui leur allait bien et qui faisait qu’il avait pris de la place dans sa petite vie. Un sourire sur ses lèvres à sa réponse, elle ne doutait pas qu’il était amusé et qu’il la connaissait plutôt bien pour savoir ce qu’elle allait dire avant même qu’elle ne prononce ces quelques mots.

Bien décidée à lui offrir/faire le diner pour s’excuser de lui avoir sauté à la gorge, elle resta mystérieuse sur ce qu’elle avait à l’esprit et se rendit à l’épicerie de nuit. Il lui faisait confiance ? « J’espère bien. Crois-moi tu ne seras pas déçu. » Les routes défilaient mais ne se ressemblaient pas, les minutes s’égrainaient et bien vite elle arriva à destination. Bien qu’elle pensait qu’il valait mieux pour lui qu’il ne l’accompagne pas comme il était encore fatigué, elle lui proposa quand même et il confirma ses pensées. « Bien, je reviens dans deux minutes. Bon courage, tu vas en avoir besoin. » Sur cela, elle disparut d’un pas pressé pour aller faire ses quatre courses.

Quand elle revint les bras chargés, elle posa tout dans le coffre et reprit sa place au volant. Son regard se porta sur Blake et elle lâcha : « Alors, elles veulent t’étriper et passer au bucher le coupable ? » A n’en pas douter, ses sœurs avaient dû être encore plus dures qu’elle. Reprenant rapidement la route, ils arrivèrent en face de son immeuble en même temps que la pluie décida de s’abattre sur la ville. Avec tout ce qui s’était passé aujourd’hui, Ellie en avait presque oublié qu’ils avaient annoncé à la météo des orages et une possible tempête.  La voiture parquée devant son entrée, la décoratrice d’intérieur lâcha un soupir et indiqua du regard la boite à gants : « Il y a peut-être un petit parapluie dedans. Je prends les courses, je vais ouvrir la porte d’entrée, la bloquer et je reviens d’accord ? » Sur ses mots, elle sortit, s’exécuta sous la pluie battante, courant ci et là , tentant tant bien que mal de passer entre les gouttes pour ne pas être trempée. Quand elle revint pour l’aider, ne se protégeant plus de sa veste, elle se perdait dans son regard tandis qu’il sortait de la voiture. « Tu veux bien arrêter de faire l’homme fort et me laisser t’aider au moins un peu ? » Un peu plus tôt elle ne lui avait pas laissé le temps de rétorquer qu’il pouvait s’en sortir tout seul et elle ne comptait toujours pas lui laisser cette opportunité. « Promis je jouerai la mère poule qu’aujourd’hui ». finit-elle par lâcher, prête à retrouver la chaleur de l’appartement de son ami, commençant à sentir la pluie tremper son blazer fin et son jean plus que moulant maintenant. « Y a un diner chaud et délicieux qui t’attend … et j’ai faim on y va. » Sur ce elle fermait la voiture, et commençait à se diriger avec lui vers son domicile.

Pourquoi de simples mots arrivaient tant à la faire sourire. Peut-être l’avait-elle trop mal habitué ? C’est vrai qu’elle n’avait pas pour habitude de décevoir, bien trop perfectionniste quand elle se lançait dans quelque chose. N’ajoutant rien, elle acquiesça avant de lui souhaiter bonne chance, prête à se rendre à toute vitesse dans le magasin, le seul encore ouvert de nuit, pour y trouver les aliments de l’une de ses recettes préférées. Elle espérait de tout coeur qu’elle trouverait tout le nécessaire pour son élaboration. Heureusement pour elle, il y avait tout.

Lorsqu’elle revint et qu’elle s’enquit sur le déroulé des coups de fils, elle le regarda avec un air surpris. Bon d’accord, connaissant les demoiselles, elle s’attendait soit à cela, soit à ce qu’elles réagissent trop mal à ses aveux. Pourtant, si elle pouvait le comprendre, une part d’elle aurait aimé qu’il leur confie la vérité… Peut-être devrait-elle plutôt apprécier d’être une privilégiée ? Car ile fallait l’avouer, si elle avait voulu creuser, elle savait qu’il lui aurait dit sachant qu’elle serait capable « d’encaisser ».« Tu sais, si elles apprennent la vérité, elles pourraient mal le prendre que tu la leur aies caché… mais je pense que tu le sais. »  Hors de question de l’engueuler, elle avait donné son avis avec calme et beaucoup de compassion. Il avait fait un choix et il allait falloir espérer que personne ne l’apprenne. En tout cas, ça ne viendrait pas d’elle.

Ayant parqué sa voiture quelques minutes plus tard devant son immeuble, malgré le temps orageux, l’ambiance était bien plus apaisée et elle devait avouer avoir presque hâte de franchir ce rideau de pluie pour retrouver le confort de son appartement. « Ne t’inquiètes pas pour moi, je ne suis pas en sucre. » Un clin d’oeil et voilà qu’elle filait s’assurer de lui donner le champ libre pour avancer sans encombre avant de revenir le chercher et le prévenir qu’elle n’accepterait pas qu’il avance sans elle. Riant à sa réponse de bon coeur, elle essaya de ne pas trop s’accrocher au sens que pouvait avoir ses mots. Sa kryptonite. Impossible c’était une boutade…alors pourquoi cela lui faisait-il chaud au coeur? Elle était partagée…Quel beau parleur quand même! « Oh tu n’es tellement pas prêt pour ma petite moue alors…. Tu vas finir par me donner le bon dieu sans confession. » Qu’il ne s’inquiète pas, elle ne comptait pas en abuser. Enfin, pas pour l’instant. Lui promettant de pas trop jouer les mères poules, sa réponse lui fit prendre l’air outré. « Quoi? Moi ? Jamais! » Bon allez, il allait falloir y aller, elle tenta de l’amadouer avec le repas et quand il la taquina elle lui donna un petit coup sur l’épaule, avec un air menaçant : «Oh t'inquiètes pas pour l’immeuble, le plus important c’est que je te donne pas trop chaud. » Et sur ce, elle l’accompagna chez lui.

Dans l’appartement, qu’elle connaissait bien, elle alla jusqu’à la cuisine où elle sortit le nécessaire pour réaliser sa recette de linguines aux champignons, parmesan et cognac flambé. Prenant le soin de se laver les mains, avant de commencer, elle se retourna et observa Blake tout sourire. « Ça t’inspire ? Tu sais que tu peux aller t’installer tranquillement sur le canapé pendant que je prépare ça me dérange pas. » Retirant son blazer trempé, elle demanda : « On peut allumer un peu le chauffage, la pluie m’a donné un petit coup de froid… » En attendant sa réponse, elle sortit une planche à découper, une grande casserole et une belle poêle, avant de se mettre à émincer les champignons de paris et les girolles égouttées.

Se porter bien ? C’était vite dit, à ses yeux il était fragilisé et pas qu’un peu. Pour ce qui était du courroux des soeurs Richards ? Ellie préférerait pour sa part l’éviter, mais c’était à lui de voir. Elle avait donné son avis comme pour le prévenir de ce qu’il pouvait arriver, mais il était assez bien placé pour les connaître et savoir comme il préférait les gérer. Acquiesçant à ses mots en guise de réponse, elle reprit le volant pour les conduire à destination, sous un temps qui tournait à l’orage. Plus de doute, les météorologistes ne s’étaient pour une fois pas trompés. Espérons juste que ce ne soit pas aussi dramatique que ce qu’ils avaient estimé. Seul le temps (dans toutes ses formes) le leur dirait.

Quand ils furent garés devant chez le beau blonde et qu’il fut à son tour inquiet, l’ancienne avocate cacha un sourire et tenta de le rassurer, bien que touchée à l’idée qu’il pouvait s’en faire pour elle. Incapable de cacher ses dents blanches à sa remarque, elle haussa les épaules. « Voyons Blake, ce n’est pas comparable , ce n’est que de l’eau ! Et…. » un éclair fendit le ciel tandis que cela grondait dehors, «  On ferai mieux de se dépêcher… » Si elle avait eu le courage, il aurait eu le droit à un baiser sur la joue pour cette attention qu’elle trouvait attendrissante, mais elle devait presser le pas si elle ne voulait pas qu’il prenne littéralement la douche juste en traversant la rue. Quand elle revint à sa hauteur et le défia, elle eut mal aux lèvres tant elle lui souriait suite à sa comparaison. Blake , des faiblesses dont elle faisait partie ? Impossible. Mais si c’était une seule seconde vraiment le cas, ne craquerait-il pas devant sa jolie petite moue ? Elle lui fit part de sa réflexion et quand il rétorqua elle lui tira la langue. Les taquineries allaient bon train et aucun d’eux ne semblait décidé à laisser le dernier mot au second: « Que t’es bête ! » Elle se mordit l’intérieur de sa joue pour ne rien ajouter de tendancieux, et l’accompagna jusque’à son appartement.


Une fois entrés, la tornade Ellie alla s’affairer en cuisine après s’être lavée les mains et avoir ôté son blazer, prête à ravir ses papilles. Ne faisant guère attention au regard qui lui portait, elle lui proposa de se poser un peu, lui demandant seulement s’il pouvait allumer le chauffage pour éviter qu’elle tombe malade. Loin d’être fragile d’habitude, il suffisait d’un coup de malchance pour que la roue tourne et ce n’était pas du tout le bon moment. « Tu fais bien. Profites un peu car ça n’arrivera pas souvent." Du coin de l’oeil elle l’observa et sourit: « Merci ! » Il n’y avait rien de mieux que de se sentir bien au chaud quand des intempéries s’abattaient sur la ville. Les champignons émincés en train de cuire, une casserole d’eau bouillante salée sur le feu, la brune qui connaissait parfaitement la recette était déjà dans l’élaboration de sa sauce au parmesan flambé au cognac et elle pouvait s’enivrer des bonnes odeurs qui montaient en cuisine. Dans moins d’une dizaine de minutes ils allaient passer à table et elle pourrait se délecter de cette recette qui lui rappelait ses vacances en Sicile. Quelques minutes avant que ne le repas soit près, elle observa Blake et lui demanda «  Dis, tu veux manger à table ou je nous prépare deux plateaux pour manger sur le canapé ? D’ailleurs j’ai pris du vin, tu penses que tu peux en boire ou c’est encore trop tôt? » Finissant ses préparatifs, elle mélangea les pâtes à la crème et aux champignons avec sa sauce cognac parmesan, et dressa deux belles assiettes. Elle les finalisa avec des copeaux de parmesan sur le dessus et amena le tout selon le choix qu’avait fait un plus plutôt son hôte encore mal en point. « Tu vas voir c’est une tuerie . Si avec ça aucun homme ne veut m’épouser, je ne comprends pas! »

Que Blake pouvait bien la faire rire! Qu’il était bête…enfin sérieux mais bête. Cette pluie ne lui ferait pas de mal, contrairement à l’objet tranchant qui l’avait amoché et lui avait causé tant de souffrance. Ellie ne lui offrit pour réponse qu’un sourire et une langue tirée. N’était-ce pas mieux une ambiance détendue que cette tension qu’il y avait eu entre eux un peu plus tôt ? Pour rien au monde elle n’échangerait ses boutades contre le stress, l’inquiétude et la colère qu’elle avait pu ressentir en allant le chercher. Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’ils tenaient l’un à l’autre à leur manière . Ils étaient amis après tout donc rien d’étonnant. Et c’est sur cette amitié, qu’elle veilla à s’assurer qu’il prenne appuie sur elle pour se rendre à son domicile d’un pas plus pressés qu’elle ne l’aurait imaginé, merci le temps qui empirait tout d’un coup.

Quand ils retrouvèrent le confort de son appartement, la belle essayant de ne pas penser à son compliment déguisé , le blazer humide retiré et le chauffage enclenché, se mit au fourneau pour lui préparer un de ses plats fétiches qui elle l’espérait pourrait combler son appétit. En tout cas, une chose était certaine, cela s’avèrerait toujours meilleur que ce que l’on pouvait servir dans les hôpitaux. Prête à tout faire et le laisser se reposer un peu, elle veilla cependant à lui rappeler qu’elle ne comptait pas avoir à faire ça régulièrement… en fait, elle le ferait sans sourciller, mais à la condition que cela n’annonce pas qu’il soit blessé bien entendu. Seulement, elle n’allait pas le lui dire.

Tandis que tout se passait pour le mieux en cuisine, il suffisait de tendre l’oreille ou regarder par la fenêtre pour voir que les météorologues ne s’étaient pas trompés cette fois-ci. Une tempête approchait et elle commençait à se questionner sur comment elle rentrerait ce soir, si le temps ne se calmait pas. Pas le temps d’y réfléchir bien longtemps qu’elle servait déjà les assiettes demandant à son hôte où il préférait diner. Ellie, pensait que le confort de Blake était le plus important. Souriant à ses mots, son regard dans le sien, elle mit les assiettes sur un plateau et servit les deux verres de vin qui y trouvèrent aussi une place. « Ca me va bien. Par contre, tant que tu es sous ma surveillance, ce ne sera pas plus d’un ou de verre je te préviens… je voudrais pas que tu réagisses mal je me sentirais trop coupable.» Finissant le dressage de ses assiettes, elle lança cette phrase qui eut une réponse qui la percuta et la laissa sans voix. Etait-il franc? Pensait-il vraiment ce qu’il disait ? Il lui fallut quelques secondes pour réaliser et elle lança: « Ton avis est biaisé Blake, tu m’adores tu ne pourrais pas dire le contraire de peur de me vexer je suis sûre. » Faux ! Il n’avait pas la langue dans sa poche et ne manquait jamais de dire ce qu’il avait sur le coeur, mais il était plus simple pour la décoratrice d’intérieur de nier que de réaliser qu’il pouvait le penser. Qu’est-ce que cela sous-entendrait sinon ? Un rapprochement qu’elle refuserait de voir ? Sur ses mots, les bras chargés, elle s’approcha de lui et vint déposer le tout sur la table basse.

Remarquant immédiatement que Blake semblait en alerte, tandis qu’elle s’asseyait sur le canapé, elle allait dire quelque chose quand la lumière s’éteignit. L’instinct du journaliste ne le trompait pas. Un soupir sur ses lèvres, elle décida de prendre cela à la rigolade. Le courant allait bien revenir non ? « Décidément c’est la journée … Je connaissais le coup de la panne en voiture …mais là t’y es allé fort, tu me fais le coup de la panne électrique et en plus tu as convaincu tout le quartier de jouer le jeu . Bravo Blake! » Elle le taquinait alors qu’il revenait avec deux chandeliers «  Tout ça pour avoir un diner aux chandelles ? Chercherais-tu à conquérir mon coeur beau blond? » Valait mieux rire de la situation que d’en pleurer non ? Le principal était que la panne soit de courte durée pour ne pas qu’elle soit obligée de squatter chez lui et qu’il puisse se réchauffer et passer une bonne nuit dans son lit. A peine atteint le canapé, qu’il relançait une blague et la belle lui renchérit tout de suite. « Laisse-moi voir ça, j’ai peut-être un briquet qui traine dans mon sac… tu peux m’éclairer par contre . » Son téléphone aussi était dans son sac à main. Ellie se leva, et alla jusqu’à l’entrée où éclairée par le téléphone du beau blond elle farfouilla quelques minutes. Le graal trouvé, elle retrouva ses côtés et reprit : «  Je suis loin d’être une allumeuse mais si je devais t’allumer , mon pauvre tu ne serais pas prêt…. » sa voix pris un ton plus séducteur, tout en volupté quand elle humecta ses lèvres et finit : « je n’aurais pas besoin de ce briquet pour te faire succomber ». Une étincelle dans son regard. Un souffle. Elle se penchait ne pensant pas à la vue qu’elle lui offrait, allumait les bougies sans le quitter du regard et se relevait soufflant sur la flamme. « Maintenant bon appétit ! » Elle s’assit et se tourna pour être face à lui. « Envie de jouer à un petit jeu en mangeant ? Ou tu préfères discuter. »